Sous les traits individuels que leur prêtaient les acteurs, les personnages de théâtre étaient des types généraux que la nature ne nous offre jamais et que l’esprit peut seul concevoir et se représenter. A un autre point de vue, d’ailleurs, on peut dire qu’au théâtre, en dehors de certains cas particuliers, comme par exemple dans l’expression du sentiment filial, le baiser n’est toléré que s’il est donné ou reçu par une femme. Le courroux aveugle qui s’est emparé de lui, l’exaspération nerveuse qui l’agite et qui s’échappe au dehors, comme une flamme d’une fournaise ardente, a pour premier effet une très forte tension musculaire qui s’oppose au fléchissement nécessaire à l’action de s’asseoir. C’est pour cela que dans la carrière du comédien l’intuition lui est d’un si grand secours; car, après le travail inconscient de généralisation qui se produit en lui, cette faculté d’introspection lui permet d’avoir une vue très nette de l’image intérieure qui s’est formée dans son esprit; et c’est précisément cette vue très claire des idées qui fait les grands comédiens.